Le poisson et le chat
Un poisson d’humeur vagabonde
Folâtrait le long de la rive
Quand un chat gris sur le qui- vive
Se mit en arrêt devant l’onde
Pour ce félin, tout était proie
Papillons mouches ou volatiles
Mulot ,souriceau maladroit
Il savait d’une patte habile
S’en faire des festins de roi
Mais un poisson, dieu quelle aubaine !
Pour ce chasseur infatigable
Dont la rondeur de la bedaine
Disait l’adresse incomparable
Il s’était mis donc, à l’arrêt
Tout de velours et de douceur
Rentant ses griffes acérées
Pour ne pas troubler le nageur
Qui soufflant le nez hors de l’eau
Prit conscience du visiteur
Il entreprit dans sa candeur
De le séduire de ses sauts
D’arabesques en bonds gracieux
Le funambule sans défiance
Devant son prédateur radieux
Défia les lois de la prudence
Quand, rapide comme l’éclair
D’un coup de patte triomphant
Fauchant la vie de l’innocent
Le chat l’avala…de travers
Car une arête bien plantée
Mit un terme à sa fatuité !
Que de naïfs sont victimes
De prédateurs trop séduisants
Que de chasseurs impénitents
Sont de prétentieux imbéciles !